C’est mon père qui m’a transmis la passion de la terre. Il était paysan, et c’est grâce à lui que j’ai appris le respect des plantes, du sol, de la graine. J’ai ainsi noué une relation très intime avec le vivant. En étant chaque jour au plus proche de la nature, j’ai également compris le sens du mot « patience ». Très tôt, j’ai senti qu’avec la nature, il ne fallait surtout pas forcer les choses : plus on fait grandir une plante artificiellement plus elle s’épuise et plus on altère ses saveurs. Au fil des années, j’ai vu la nature évoluer, et je me suis peu à peu rendu compte que quelque chose ne tournait pas rond. Lorsque je me rendais aux champs, les insectes se faisaient de plus en plus rares. Ils ne venaient plus bourdonner à mes oreilles pendant que je bêchais. Autour de nous, les parcelles étaient de plus en plus grandes et les cultures étaient chaque jour arrosées de pesticides. Mon père et moi regardions tristement les ravages de cette agriculture intensive sur la nature. Pourtant nous avions banni sur nos terres tous les produits chimiques et les fongicides, et c’était déjà un grand pas. Mais en mon for intérieur je sentais bien qu’un jour, je ne pourrais pas rester sur nos terres, à ignorer la réalité du monde, et la destruction des sols.